Le numérique est en marche du côté des entreprises. Et comme le résume Guy Mamou-Mani président du Syntec numérique, le porte-parole et acteur majeur de l’industrie des Logiciels et Services : le numérique c'est le futur de l'industrie et l'industrie du futur.
Le futur de l'industrie, car peu d’industries imaginent un futur où le numérique n'y joue aucun rôle. L'industrie du futur car le numérique est un nouvel espace créateur de valeur, et on l'espère, d'une industrie facteur de compétitivité de la France.
Mais les collectivités locales ne sont pas en reste dans cette transformation de l'économie et de la société, et elles ont dans les mains la responsabilité de la ville numérique.
Déjà de multiples initiatives numériques ont été lancées ces dernières années. Le maitre mot est souvent "la dématérialisation" une première étape essentielle de la transformation numérique. Et avec des budgets 2013 plus serrés, il y a fort à parier que cette dématérialisation se poursuive sous l'angle des économies. Mais ce n'est qu'une étape et désolé pour celles qui seraient déjà essoufflées.
L'enjeu pour la collectivité n'est pas d'en rester au numérique pour l'amélioration de son fonctionnement interne, mais d'engager deux autres étapes essentielles que sont :
la dématérialisation de ses relations, notamment avec les citoyens;
le développement de nouveaux services numériques pour bien vivre la ville,
Dématérialisation des relations, car aujourd'hui, collectivité numérique rime avec citoyen 2.0. Et l'extension des horaires des guichets de la Mairie ne suffira pas pour garder le contact 24h / 24h avec ces nouveaux citoyens.
Des citoyens qui ont accès à internet, qui aujourd'hui tirent l'innovation numérique depuis qu'ils sont la cible des Google, Facebook et autres Youtube, et qui veulent entretenir une relation avec la ville quand ils le veulent. C'est ainsi qu'une ville comme Limours en Essonne (moins de 10.000h) va au-delà de la simple information de ses habitants via son site web, et gère leur demandes et leur compte citoyen qui leur permet d'en suivre l'avancement. Et comme ces citoyens sont de plus en plus mobiles, ils peuvent aussi signaler un problème dans la ville et envoyer une photo depuis leur smartphone. Autant d'informations riches pour les services traitants dans leurs interventions.
La relation de la collectivité avec les citoyens sur les réseaux sociaux, va dans le même sens en amenant ce dialogue sur les outils choisis par le citoyen (et non le site de la Mairie) et y engager la relation, voire de les mobiliser pour les associer au fonctionnement de la ville.
Mais l'enjeu le plus important qui attend la collectivité c'est comment optimiser le fonctionnement de la ville, en tant que système, et délivrer une meilleure expérience de vie aux citoyens à l'aide du numérique.
Cet enjeu passe par le développement de nouvelles infrastructures pour rendre partout possible le numérique, par des applications pour de nouveaux services et par un fonctionnement de la ville plus "intelligent". Et cela commence par la collecte de données sur le fonctionnement de la ville, de ses flux, de son fonctionnement et leur analyse pour une utilisation optimisée de ses ressources.
Le champ des applications qui se développent actuellement est très vaste. Et il ne représente certainement qu'une petite partie de ce que sera une ville numérique dans 5-10 ans :
- comment mieux circuler et se garer? Avec une application mobile indiquant les places de parking disponibles aux alentours
- comment simplifier les paiements? Avec des cartes de services, maintenant couplées au NFC dans les villes pilotes, pour régler ces services, du parking, au titre de transport en passant par l'accès à la piscine
- comment privilégier l'achat local? Avec des cartes de fidélisation pour les achats dans les commerces de proximité,
- comment réduire l'empreinte environnementale de la ville? Avec une meilleure information des habitants, des conséquences de leurs choix, et des conseils pour contribuer à un objectif collectif. Avec des immeubles plus intelligents dans la gestion de l'énergie.
- comment rendre visibles les services? Car le numérique est "un monde parallèle" qui demande des passerelles permanentes avec le monde réel. Et surtout pour les services dans les loisirs, un domaine qui évolue avec des congés plus courts, plus nombreux, réservés moins longtemps à l'avance. Une présence numérique qui est donc indispensable pour attirer les "touristes numériques", le smartphone à la main, leur enrichir la réalité avec des données et des guides interactifs avant qu'ils ne passent leur chemin. Toute une signalisation de la ville numérique a inventer et qui a commencée avec des QRcodes qui fleurissent certaines villes,
- comment gérer les crises? Avec une augmentation des phénomènes climatiques, voire de la délinquance, demandant une information de la population plus fréquente et sa participation pour remonter de l'information et aider les opérations de secours ou d'évacuations,
- comment aborder des modèles de partage des ressources? Surtout quand elles sont individuelles ou peu utilisées dans l'année comme les voitures, les vélos, les déplacements et pourquoi pas les logements vacants.
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Jean Luc Boulin