Sartre disait que « pour que l’évènement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter ». Le philosophe ne s’imaginait sans doute pas que, plus d’un demi-siècle plus tard, cet axiome tiré de « La Nausée » trouverait une explication scientifique.
On a tous entendu parler de l’ocytocine, cette hormone de l’attachement, de l’amour, du bien-être. Le neuroscientifique Paul J. Zak a pu démontrer que cette hormone qu’il qualifie de « molécule de la morale » joue aussi un rôle dans l’intérêt que notre cerveau porte… aux histoires. Simple victoire de la forme sur le fond ? Pas seulement.
Ce que les travaux de Zak nous apprennent c’est que physiquement, chimiquement, nous réclamons du storytelling.
Via Antoine VS, Morgan BANCEL
A l’Ouest, rien de nouveau ?
Ces stimulations émotionnelles sont au cœur du sentiment d’empathie que l’on peut ressentir et qui nous permettent de déterminer si notre entourage est généreux ou en colère, de nouer rapidement des liens avec les autres, de s’engager dans des opérations d’envergure… Bref, elles sont au cœur de nos relations sociales.
Dans un sens, on pourrait arguer que cette étude ne nous apprend rien de nouveau, qu’elle se contente de proposer une explication scientifique à une vérité antédiluvienne : nous aimons les bonnes histoires.
Cette vision des choses est réductrice. Au-delà d’un simple fonctionnement neuronal ou chimique, cette étude jette un éclairage nouveau sur le succès de vidéos comme la campagne « Thank you Mom » de Procter & Gamble qui a réussi à construire un engagement émotionnel fort avec le public. A l’ère du Web social, il ne s’agit plus de vendre un produit, mais bien de raconter une histoire.