L’innovation sociale est apparue aux marges du monde industriel, mais elle s’y intègre peu à peu, en pénétrant des domaines tels que la conception, la production et le service après-vente. Elle touche les modes d’organisation, les manières de penser, les pratiques et jusqu’aux technologies mises en œuvre. Comment prendre la mesure de ses mécanismes et de son impact ? D’ores et déjà on peut préconiser certaines orientations en termes de méthodologie, de techniques d'analyse et de traitement de l'information.
Un processus d’émergence est par définition spontané : il résulte de phénomènes auto-organisés, à partir des agents déjà présents et en interaction. En ce sens, l’innovation sociale est un changement de paradigme. Mais dans notre écosystème où plus de deux milliards d’internautes passent le tiers de leur temps à communiquer avec leurs correspondants distribués dans le monde, sur des sujets sociaux, techniques ou corporatifs, devons-nous parler d’innovation sociale ou, déjà, d’innovation collective ?
Les technologies de l’information poussent notre activité cérébrale à ses limites car le volume des informations à traiter augmente, les changements se succèdent à un rythme rapide (en quelques minutes, ce sont des millions de données qui sont générées) ; la prise de décision face à des événements imprévus et en interaction nous poussent à la saturation cognitive. Par ailleurs, nos capacités cognitives semblent marquer le pas, pour des raisons structurelles et biologiques. Ainsi, dans notre monde complexe, notre capacité de raisonnement, considérée de manière isolée, est réduite. Elle nous conduit à des prises de décision émotionnelles ou irrationnelles. L’interaction entre le Web, notre cerveau et la société permet de faire émerger une autre forme d’intelligence plus élaborée que l’intelligence humaine individuelle. Il est temps d’en prendre conscience, de s’y préparer et de s’adapter.