Bernard Stiegler est philosophe, théoricien de l’évolution des systèmes techniques. Il a découvert les modèles du libre de façon presque accidentelle, en tant que Directeur de l’INA.
Initiateur et président du groupe de réflexion philosophique Ars industrialis créé en 2005, il dirige également depuis avril 2006 l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il a créé au sein du centre Georges-Pompidou.
C’est vrai que la précarité des modèles contributifs et le fort taux d’échec de ces initiatives pose question.
Il y une explication, elle tient à l’écosystème, la macro économie. Au niveau micro (les individus et les organisations) les initiatives émergent et se propagent. On constate que sans une politique macro, elles ne peuvent prospérer. Quand je parle de macro économie, je fais référence au droit du travail, à la fiscalité, aux minima sociaux, aux infrastructures territoriales. Tous ces éléments ne sont pas favorables à une économie contributive. Tant qu’on ne les fera pas évoluer, il n’y a aucune chance qu’elle se développe. Ou alors, c’est un certain type de modèle contributif qui l’emportera, celui de Facebook.
C’est tout le projet économique et politique contemporain qu’il faut revoir. Les débats sur le revenu minimum d’existence sont intéressants à ce titre. Je préfère parler de revenu contributif. Pour moi, le revenu contributif doit reposer sur un revenu minimum d’existence mais il ne doit pas s’arrêter à cela. Le revenu contributif devrait être conçu de façon à favoriser l’engagement des individus dans des projets contributifs. Il faut encourager les contributions en vue de créer des entreprises que j’appelle sociales, elles peuvent devenir des entreprises monétarisées mais pas forcément.