Les projections des stratégies économiques et sanitaires de sortie de confinement sont fondées sur des informations extrêmement imprécises, en particulier le nombre de personnes infectées et immunisées. L’Institut Pasteur estime par exemple le nombre de personnes immunisées en France entre 5 et 20 %. L’incertitude sur la donnée est accompagnée d’une grande incertitude sur l’évolution de la pandémie et donc de la valeur des paramètres du modèle. À partir de modèles d’épidémiologie standard, il est tout de même possible de développer des scénarios de l’évolution de la pandémie en fonction de la politique de suivi.
Dans ces différentes hypothèses de politiques économiques présentées, le choix semble donc résider entre une quantité de morts invraisemblables et une perte économique énorme. Il existe néanmoins un dernier scénario, qui donne un peu plus d’espoir. Cette dernière solution est plus éthiquement discutable mais permet d’organiser la construction d’une immunité collective en ciblant les populations à déconfiner en fonction du taux de mortalité par tranche d’âge. Ainsi, seules les catégories les moins vulnérables sont autorisées à reprendre l’activité. Cette immunité collective se construit progressivement en déconfinant les catégories de travailleurs, d’élèves et adultes de moins de 65 ans, tout en maintenant les seniors confinés. Cela permet de maintenir un taux de mortalité faible et de limiter la perte économique à moins de 5 %. Une fois qu’une base de 80 % de la population considérée comme la moins vulnérable est immunisée, le confinement des seniors et personnes vulnérables peut à son tour être levé, avec une politique de distanciation sociale soutenue.