Les années 1990 représentèrent une décennie stratégique en or pour l’Occident, c’est-à-dire pour le couple Amérique du Nord-Europe, dont le mariage – de raison sinon d’amour – remontait à la fin de la seconde guerre mondiale.
Voici un petit ménage qui venait de gagner la guerre froide et à qui la Chine, la Russie, l’Inde – rien de moins – aspiraient officiellement à ressembler.
Monsieur Amérique et Madame Europe – entre qui il n’y avait aucun nuage -, parcouraient agréablement la planète en donnant, à droite et à gauche, des leçons d’économie de marché et de droits de l’homme. Partout ils étaient écoutés avec respect. Quiconque s’avisait de les défier était promptement ramené à résipiscence. C’est une décennie qui commença sur une guerre (contre l’Irak qui avait avalé le Koweït) et qui s’acheva sur une autre (contre la Serbie qui tentait de garder le Kosovo).
Les esprits se réveillent en Europe. Le rejet, par Bruxelles, de la fusion entre Alstom et Siemens , avait suscité en France un torrent de protestations à l'encontre d'une Commission européenne vue comme aveugle aux enjeux industriels de demain et à la concurrence chinoise, actuelle ou imminente. Il avait suscité, de la part de Paris et de Berlin, des propositions conjointes pour l'avenir industriel de l'Union européenne. Désormais, c'est le Centre européen de stratégie politique (CESP), un centre de réflexion interne à la Commission européenne quoiqu'indépendant de celle-ci, qui prend le sujet à bras-le-corps.