Freud, McLuhan et Bourdieu ressuscités ! Ce n'est pas le moindre des paradoxes que l'Internet et les réseaux sociaux donnent une nouvelle jeunesse à ces vieux Mohicans du langage. Se joindraient-ils aux choeurs qui chantent les progrès de la liberté attachés à ces nouveaux outils ? Ce qui est questionnable pour l'ensemble de la société l'est encore plus dans le monde du travail où la parole n'est pas plus libre qu'avant. « Alors que jamais l'information n'a été aussi abondante dans les entreprises, jamais la communication n'y a autant fait défaut », tranchait même l'Association française de communication interne (Afci), lors d'un colloque récent. Dans combien d'entre elles est-on capable de dire les choses, surtout quand elles dérangent l'ordre établi et même en y mettant les formes ?
L'individu ne peut lutter seul contre le système. La responsabilité incombe au premier chef aux dirigeants et aux managers. Du chemin reste à faire. Selon une enquête Meanings-Harris Interactive de 2012, moins d'un salarié sur deux en France juge dignes de confiance la parole du président, du directeur général, du directeur de la communication et du directeur des ressources humaines. Le taux d'adhésion monte en flèche si les dirigeants s'engagent vraiment, fréquemment et sur des sujets proches des préoccupations de leurs équipes. Certaines entreprises l'ont bien compris, qui ont créé une direction du dialogue et appliquent des politiques ad hoc pour l'animer. Parlez, parlez et soyez authentique, il en restera toujours quelque chose…