Qui sait? Il se pourrait que les Google Glass rejoignent un jour le stéthoscope et la seringue au rang des objets emblématiques de la médecine. Les annonces en ce sens se succèdent depuis juin 2013, mois durant lequel les premières interventions filmées au moyen des lunettes furent retransmises en temps réel à des médecins connectés à distance.
S’inspirant de ces expériences initiées aux Etats-Unis et en Espagne, une équipe tessinoise réalisait selon les mêmes modalités une angioplastie coronaire en juin de cette année.
De son côté, le professeur Pierre Hoffmeyer, chef du département de chirurgie des HUG, a effectué depuis janvier une dizaine d’opérations de la hanche, de l’épaule ou du genou avec les lunettes californiennes chaussées sur le nez. Diffusée sur un écran, la vue subjective captée par le dispositif permet à ses internes de suivre au plus près les gestes du spécialiste.
Les conditions d’hygiène s’en trouvent aussi renforcées, puisque les médecins en formation n’ont plus nécessairement à se pencher au-dessus de la zone opérée pour observer le déroulement de l’acte.
Loin d’être cantonnées à ces bénéfices, les lunettes facilitent aussi plus directement la tâche du chirurgien orthopédiste. Grâce aux applications développées sur mesure par le service informatique de l’hôpital genevois, le prisme des Glass affiche les radios des patients ainsi que le plan préopératoire – les diverses étapes qui jalonneront le cours de l’intervention.
Embarqué dans les ambulances
Le docteur Jocelyn Corniche s’était fait connaître par la création d’Echo112, une application pour smartphone regroupant une fonction d’appel d’urgence géolocalisé et une carte de donneur d’organes électronique. Le Lausannois planche depuis maintenant six mois sur les possibles utilisations médicales des Google Glass.
Particulièrement attentif aux questions de confidentialité, cet urgentiste et anesthésiste du CHUV développe un système permettant la transmission sécurisée des flux audio et vidéo des Google Glass vers un serveur hébergé en Suisse. Ainsi équipés, les internes pourraient idéalement obtenir l’avis de leurs aînés tout en dispensant ces derniers de se déplacements superflus.
Le cas de l’ambulancier muni de Google Glass illustre de façon plus frappante encore les avantages qui pourraient être tirés de cette technologie. L’urgentiste Jocelyn Corniche travaille sur ce sujet, à l’instar de l’Institut d’informatique de gestion de la HES-SO de Sierre. Son unité de recherche vient ainsi d’achever en août la programmation d’un prototype fonctionnel communiquant entre l’ambulancier et l’hôpital.
Une interface de vidéoconférence grâce à laquelle le médecin posté à l’hôpital peut observer en temps réel l’état du patient, prodiguer ses conseils ou interroger le blessé par l’intermédiaire de l’ambulancier. Antoine Widmer, le postdoctorant en charge du projet au sein de la haute école valaisanne, prévoit la constitution prochaine d’une start-up composée de quatre étudiants et initialement dotée des 10 000 francs de la bourse Business Experience de l’institution d’enseignement.
De nouveaux perfectionnements seront par ce biais apportés à l’application avant une sortie prévue dans le courant 2015. Une collaboration entre l’HES et Jocelyn Corniche est également à l’étude afin de mieux couvrir les besoins du marché helvétique.
Ces développements suisses reflètent les évolutions auxquelles on assiste aux Etats-Unis, d’où émerge un nouveau marché d’applications professionnelles destinées aux Google Glass.
Preuve de ce tournant, Google a décerné en juin dernier le titre de «Glass Certified» à cinq développeurs d’applications dévolues aux entreprises. Sur les cinq lauréats, une seule société n’était pas active dans le domaine de la médecine
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