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L'officine vers une économie de services

Xavier SEDES's curator insight, July 1, 2013 10:49 AM

Révolution numérique, nouvelles missions, le monde officinal est en pleine transformation. Avec un maillage territorial sans pareil et plus de 4 millions de passages jour, la pharmacie d’officine possède tous les atouts pour passer d’une économie de produits à une économie de services.

 

Le développement des compétences et l’établissement d’une relation de confiance sont les deux piliers d’une économie de services.

Pour profiter des nouvelles opportunités offertes par la convention pharmaceutique, les pharmaciens doivent conforter leurs compétences scientifiques. C’est une condition nécessaire au maintien de la spécificité pharmaceutique exprimée dans la dispensation et une condition essentielle au développement de ces nouvelles opportunités. C’est s’assurer une meilleure visibilité vis-à-vis des Pouvoirs public et des patients qui assimilent trop souvent la pharmacie à un lieu de commerce standard.

Ce changement d’image profiterait à l’Industrie du médicament, malmenée depuis plusieurs mois: CARENITY, réseau social fédérant les malades chroniques, place l’Industrie pharmaceutique en avant-dernière position de son baromètre d’image ! Les officinaux ont la légitimité pour incarner ce changement en revendiquant plus fort leurs compétences scientifiques, en s’impliquant dans le Développement Pharmaceutique Continu (DPC) et en agissant comme de véritables sentinelles de Santé. Quelques exemples.

 

Pharmacies sentinelles, pharmaciens correspondants

Un 1er exemple concerne l’arrivée des nouveautés thérapeutiques sur le marché et le nécessaire renforcement des procédures de pharmacovigilance. Rôle qui pourrait être dévolu aux officinaux du fait de leur position stratégique. Dans un contexte où les accords « prix / volume » disparaîtront au profit d’accords « prix / résultats », des contrats de performance verront le jour auxquels les pharmaciens seront associés et pour lesquels ils bénéficieront d’une rémunération spécifique.

Un autre exemple concerne la prévention, sous toutes ses formes, vaccinale, primaire ou secondaire. Mutuelles de Santé et Groupements sont très actifs dans ce domaine. Citons la détection de la BPCO mise en place par la Mutualité Française ou le dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire mené par ALLIANZ en partenariat avec le CNGPO. Le Groupement PHR, très ambitieux dans le développement d’une offre de services aux patients propose à ses adhérents de partager infirmières et diététiciennes pour des actions de prévention et de dépistage.

 

Le recours à la « Télé Médecine » rebaptisée « Télé Pharmacie » dans le contexte de l’officine est une opportunité extraordinaire pour les pharmaciens, rompus et habitués aux nouvelles technologies. Créer des espaces de confidentialité et de e-Santé pour le dépistage ou la surveillance de constantes biologiques, ce n’est pas un rêve mais une réalité pour de nombreuses pharmacies installées en milieu rural, jouant pleinement leur rôle pour combler les déserts médicaux et assurer une meilleure continuité des soins. C’est le cas de la Pharmacie TOUFFLIN-RIOLI en Vendée qui a pris le train de la e-Santé en travaillant avec des médecins distants pour effectuer des télé consultations à l’aide de tensiomètre, de rétinographe, d’auto-scope et de caméra en dermatologie. Notons qu’avec l’avènement  des applications mobiles Santé, les pharmaciens auront l’opportunité de conseiller les plus pertinentes aux patients, dans une logique d’optimisation de l’observance et d’un meilleur suivi de la maladie.

 L’établissement d’une relation de confiance « pharmacien –patient » qui est un pré requis au développement d’une économie de services doit continuer à se construire et à se fortifier. La mise en place des entretiens pharmaceutiques y contribuera, comme tous les projets favorisant l’éducation thérapeutique.

 Pour autant, aussi louable soient les initiatives individuelles nombreuses en la matière, seule la mise en place d’actions concertées pour accompagner les patients chroniques permettra de faire émerger un modèle économique viable et pérenne.

 

Signe des temps, les Industriels du médicament s’intéressent de plus en plus à l’officine. Au-delà de MERCK SERONO qui joue pleinement son rôle d’accompagnement des patients sous Previscan® en apportant des services à forte valeur ajoutée, la plupart des Laboratoires modifient leur stratégie en direction des pharmaciens. Est-ce pour anticiper leur rôle peut être demain décisif dans le choix des traitements finaux ? Ou par ce qu’ils sont de plus en plus courtisés par les futurs payeurs ? Le plus important sera de tisser une relation partenariale entre les différents acteurs avec la mise en place de services innovants. Certains prédisent un avenir sombre à l’officine. Rien n’est moi sûr !

 

Xavier Sédès, xavier@xaviersedes.fr, consultant e-Santé

 

Note: les exemples cités sont issus de la journée eduthera du 16 Mai 2013 organisée par HBMotion, société de « Knowledge Management » dans le domaine de l’éducation pour la Santé. Pour retrouver le programme de la journée et en savoir plus sur les conférences eduthera, RDV sur le site www.hbmotion.com