Immobilier : l'étau du foncier | Immobilier | Scoop.it
La question du logement vient de faire irruption dans la campagne présidentielle. Enfin, serait-on tenté de dire ! Dans un pays où les prix de l'immobilier ont progressé de 165 % en quinze ans et où il manque près d'un million de logements pour satisfaire la demande, il était devenu impératif que le sujet sorte du ghetto fiscal dans lequel il est confiné depuis des décennies. Et même si on le doit moins à une soudaine prise de conscience qu'à la crise des finances publiques, qui impose de trouver une solution alternative aux mécanismes de défiscalisation, l'essentiel est là. La crise du logement est désormais sur la place publique.

Le problème, c'est que les idées avancées jusqu'ici ne sont pas à la hauteur de l'enjeu... Qu'il s'agisse des propositions de l'équipe Hollande ou de celles du gouvernement, aucune n'est susceptible de desserrer durablement l'étau du foncier, problème de fond de l'immobilier en France. Obtenir l'autorisation de construire sur un terrain vierge est devenu dans notre pays un processus à la fois trop long... -et trop coûteux. Résultat, la production de plus de 400.000 logements par an, seul moyen de résorber la pénurie immobilière, est aujourd'hui quasi inatteignable.

Et ce n'est pas l'idée, pourtant séduisante sur le papier, d'un bonus de 30 % sur les droits à construire annoncée dimanche soir par Nicolas Sarkozy qui changera la donne. Certes, elle contourne la rareté du foncier en optant pour la densification. Mais, en laissant aux communes le pouvoir de s'y opposer au cas par cas, l'Etat l'a rendu inopérante. Car l'on peut parier que, pour des raisons électorales, la plupart des conseils municipaux freineront des quatre fers pour empêcher une densification de leur territoire, avec la bénédiction des habitants déjà présents. Quant à ceux qui s'y résoudront, ils monnayeront chèrement leur feu vert.

La mesure « extrêmement puissante » qui remettra sur les rails le marché immobilier français reste donc à trouver. Nul doute qu'elle devra à la fois prévoir une simplification des règles d'urbanisme et une réduction drastique des pouvoirs des maires en la matière. Cela revient évidemment à remettre en question un pan entier de la décentralisation. Mais c'est aussi le seul moyen de rendre à une politique du logement digne de ce nom les moyens de ses ambitions. Le jeu en vaut la chandelle.