Ulrich Grillo, le président de la fédération des industriels allemands (BDI), s’inquiète des conséquences de la transition énergétique sur l’industrie et encourage l’État à renforcer ses dépenses d’investissement.
Extraits :
L’industrie électro-intensive, c’est un million d’emplois en Allemagne ! Or les prix de l’électricité y sont les plus hauts d’Europe et deux fois plus chers qu’aux États-Unis. L’incertitude sur les prix de l’énergie, qui s’ajoute aux inquiétudes sur la future politique fiscale menée après les élections, explique pourquoi les entreprises sont attentistes en ce moment dans leurs investissements. La question n’est pas de savoir si la décision était bonne. Mais il aurait fallu mieux planifier cette transition, avec des responsabilités clairement définies et des procédures pour vérifier que la mise en œuvre ne dérape pas. Ce projet aurait dû être managé autrement. La transition énergétique est probablement le projet le plus compliqué auquel l’Allemagne a été confronté depuis la gestion de la réunification. Mais ce n’est pas une excuse. Vous avez une transition énergétique au niveau fédéral et seize Länder avec des conceptions différentes ! Notre espoir est qu’après les élections, tous les partis, tant au niveau fédéral qu’à celui des Länder, se réunissent et définissent un plan d’action avec les industriels. Nous avons beaucoup fait pour améliorer notre compétitivité. Mais si les salaires continuent d’augmenter plus vite que la productivité, si la transition énergétique continue de mal se passer, nous aurons un réveil difficile.
Faux consensus – Mais lorsque les « acteurs en transition énergétique » s’indignent de la non prise en compte de la « synthèse consensuelle du DNTE », ils occultent un peu vite la réalité de ce débat, qui faute de consensus, notamment avec les acteurs économiques, patronat en tête, s’est conclu par une simple « synthèse des travaux », là où on attendait des « recommandations ». Et sur l’échiquier politique, les principaux ténors ont surtout brillé par leur discrétion lors du débat national.
« Il y a pourtant de grands consensus locaux qui existent », rappelle Gérard Magnin, directeur exécutif de l’association Energy Cities. Pour sortir d’un certain nombre d’impasses, il faut repartir du local, dégager des dynamiques : c’est la seule dimension qui porte aujourd’hui un peu d’espoir dans un univers fermé. »
Des dynamiques territoriales auxquelles le ministre du développement durable, Philippe Martin, semble ne pas avoir été sensible. Il était annoncé jeudi 30 janvier aux Assises de l’énergie des collectivités territoriales pour présenter « les perspectives de la future loi sur la transition énergétique ». Mais son agenda indiquait clairement dès lundi qu’il ne ferait pas le déplacement à Dunkerque.