Que se passerait-il si la région parisienne était inondée ?
L'EPTB Seine Grands Lacs, l’Etat, et le Conseil régional d’Ile-de-France ont commandé à l’OCDE une étude portant sur les conséquences d’une crue centennale pour l’Ile-de-France et sur l’efficience des politiques de gestion de ce risque. Selon cette étude, une crue de cette ampleur aurait des conséquences dommageables en terme d’enjeux humains, économiques et sociaux et les acteurs de la prévention devraient accentuer et harmoniser leurs efforts d’anticipation.
Mieux gérer la prévention, diminuer la vulnérabilité, et améliorer la protection
Améliorer la gouvernance
La gestion du risque inondation est actuellement disséminée entre une multitude d’acteurs : plusieurs ministères, la Région Ile-de-France, les départements, les municipalités, l’Agence de l’eau, l’EPTB. « La fragmentation institutionnelle de l’Ile-de-France revêt de multiples dimensions et a été dans la passé un frein pour l’action » selon les auteurs du rapport. Cet éparpillement des prérogatives entraîne une dispersion de la gouvernance et des actions insuffisamment concertées et cohérentes. Selon l’OCDE, « l’absence d’une vision d’ensemble autour de ce risque – contrairement à d’autres grands fleuves français tels que la Loire ou le Rhône – révèle un déficit de gouvernance au vu des enjeux concernés ». Une gouvernance appropriée de la prévention du risque est nécessaire pour faire émerger une vision partagée et assurer l’articulation entre les différentes échelles de la prévention. Le Grand Paris, par exemple, pourrait permettre de gérer le risque à l’échelle de l’agglomération.
Une politique d’urbanisation responsable au regard de ce risque
1.500 hectares ont été urbanisés en zone inondable depuis 20 ans. La réduction de la vulnérabilité du territoire au risque inondation passe par la prise en compte du risque dans les stratégies de développement urbain et l’occupation des sols ; l’adaptation du bâti existant à ce risque, l’intégration de la possibilité d’une crue dans la conception des nouvelles constructions ; la réalisation d’infrastructures résilientes.
Renforcer la résilience des infrastructures et des réseaux
Selon l’OCDE, les acteurs économiques ne sont pas suffisamment préparés à la survenue de l’aléa. Certains services publics, comme la RATP et la SNCF, ont mis en place des plans de continuité de l’activité en cas d’inondation. Mais ces initiatives sont encore trop limitées et isolées. De nombreuses entreprises restent globalement vulnérables et se sont peu préparées à affronter une inondation.
Développer la culture du risque
Les franciliens ne sont pas conscients du risque, d’une part car aucune crue de grande ampleur ne s’est produite depuis 60 ans ; d’autre part car l’action des 4 lacs-réservoirs de l'EPTB Seine Grands Lacs a permis de gérer les crues de moindre ampleur qui se sont produites depuis. Cependant, les décideurs et les citoyens ne développeront pas de culture du risque sans actions de sensibilisation pertinentes à l’échelle requise.
Améliorer la protection
Selon l’OCDE, il faudrait développer la protection des biens et des personnes dans un cadre de planification à long terme. Les experts de l’OCDE jugent intéressant à cet égard le projet de construction par l'EPTB Seine Grands Lacs d’une retenue à La Bassée. Ce 5ème ouvrage permettrait de pomper l’eau de la Seine pour la stocker dans des bassins en cas de montée des eaux. Cet aménagement étant prévu à la confluence de la Seine et de l’Yonne, son action permettrait d’éviter la concomitance des crues de ces 2 cours d’eau – facteur de crue majeure - et de limiter ainsi la montée des eaux dans l’agglomération parisienne.