C'est le chantier numéro un du futur gouvernement dans l'énergie : la réforme du mécanisme de soutien aux énergies solaires et éoliennes. Face au boom désordonné du secteur et à l'explosion de la facture, l'Allemagne veut reprendre le contrôle sur la trajectoire des prix. La piste la plus avancée consiste à revenir sur les tarifs d'achat pour les nouvelles installations et obliger leurs exploitants à vendre leur électricité sur le marché de gros moyennant une prime. Elle fait l'objet d'un vaste consensus, au moins dans ses grandes lignes. Pourquoi cette mesure, qui serait une révolution en France, paraît-elle acceptable outre-Rhin ? Selon les experts, cela vient du fait que les producteurs d'énergie verte peuvent déjà vendre leur électricité sur le marché de gros depuis début 2012 tout en bénéficiant de primes généreuses. Un succès : selon les chiffres des gestionnaires de réseau, près de la moitié de l'électricité renouvelable est vendue sur la Bourse, voire 70 % pour l'énergie éolienne.
Près de...
Reste à savoir si un dispositif facultatif aura le même succès s'il est obligatoire et associé à des primes moins généreuses. La Fédération des énergies renouvelables (BEE) craint que les investisseurs deviennent prudents. « Ils devront intégrer dans leurs calculs les risques liés à l'évolution des prix sur le marché de l'énergie », souligne son président Dietmar Schütz.
Autre piste de réforme : les régimes dérogatoires permettant aux gros consommateurs industriels de ne pas payer l'aide aux énergies vertes. Cette année, 1.691 entreprises ont bénéficié de ce régime censé préserver les industriels les plus exposés à la concurrence internationale, soit deux fois plus qu'en 2012 et trois fois plus qu'en 2011.
Selon une étude menée pour la fraction des Verts au Bundestag, un quart de la hausse attendue du soutien aux renouvelables est lié à ces exceptions. La Commission européenne envisage de lancer une procédure pour aides d'Etat rapidement. « La pression est très forte », reconnaît-on à Berlin.