Il y a eu cette semaine deux alertes de sécurité sanitaire dont Le Monde a rendu compte dans les éditions datées des 13 et 15 mai. La première concerne les dangers possibles de l’usage des téléphones portables. Une étude française publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine (qui est une revue exigeante au plan scientifique) a observé un excès de gliomes cérébraux chez les plus grands utilisateurs (plus de 30 minutes par jour, avec un risque triplé et plus de 18.360 appels, avec un risque doublé). Ce n’est pas la première fois qu’une telle association est retrouvée dans une étude épidémiologique. Celle-ci vient donc renforcer la possibilité d’un risque, sans que l’on puisse conclure formellement que celui-ci est avéré. Pour les non-spécialistes, ces résultats non concluants sont perturbants. Mais il ne faut jamais oublier que l’épidémiologie est une science d’observation et que dans ce cadre, l’affirmation d’une causalité demande d’assembler patiemment un ensemble de résultats. Une étude ne fait jamais la vérité. Car une observation peut être due au hasard ou encore à des biais qu’il faut éliminer, ce qui exige de multiplier les études. Les études expérimentales faites au laboratoire ne souffrent pas de tels biais, mais elles sont faites chez des animaux ou des modèles biologiques et l’extrapolation des résultats à l’Homme ne peut pas se faire directement. J’ai déjà expliqué dans ce blog (post du 26 février 2013) que les deux démarches étaient complémentaires.
Un exemple d’application vient d’en être publié par la revue Environmental Health Perspectives publiée par l’Institut américain de santé environnementale. Les auteurs proviennent de six pays européens, dont la France via l’Institut de veille sanitaire, avec le concours du bureau européen de l’OMS. Dans ce travail, ils ont analysé le poids sur la mauvaise santé de neuf polluants : benzène, dioxines, fumée du tabac (chez les non-fumeurs), formaldéhyde, plomb, bruit créé par le trafic automobile, ozone, particules fines et radon. Pour chacun d’entre eux, la mauvaise santé a été mesurée au travers des études épidémiologiques disponibles et leur poids a été estimé en termes d’années perdues de vie en bonne santé en ne prenant en compte que les maladies pour lesquelles le rôle causal des neuf polluants est reconnu.
Globalement, entre 3 et 7 % des années perdues de bonne santé sont attribuables à ces polluants. À eux seuls, les particules fines représentent près de 70 % de ce fardeau. Puis viennent la fumée de tabac et le bruit pour 8 % chacun et le radon pour 7 %.