La consommation collaborative est aujourd’hui portée aux nues dans certains milieux économiques et médiatiques et jugée porteuse de nombreuses vertus tant sur le plan social qu’environnemental. Elle peut être définie comme le versant « consommatoire » de l’économie de la fonctionnalité, son extension naturelle dans le domaine du Business to Consumer (BtoC) ou encore du Consumer to Consumer (CtoC). Cet article explore cette logique de consommation nouvelle et s’interroge sur ses interrelations et sa contribution probable à l’économie de la fonctionnalité dans une logique de durabilité. Il s’appuie sur une analyse de 27 sites internet de consommation collaborative et de blogs consacrés à cette thématique ainsi que sur plusieurs études académiques réalisées sur les services d’usages partagés. Étudiant les ressorts motivationnels identifiés dans la littérature et utilisés pour promouvoir l’usage de ces services collaboratifs auprès des consommateurs, les auteurs clarifient leur contribution et leurs limites en termes de consommation durable.
67Par cet article, nous questionnons les relations entre les principes de durabilité de l’économie de la fonctionnalité et de la consommation collaborative dans le sens d’un découplage création de richesses/matière et d’un développement des externalités sociales positives. Indéniablement, la consommation collaborative contribue à démocratiser les modèles économiques orientés usage et permet d’atténuer les obstacles psychologiques inhérents au rapport à la possession des biens. En ce sens, elle permet d’expérimenter cette transition de la propriété à l’accès et au partage et permet au consommateur de se distancier de l’objet lui-même en construisant de nouveaux rapports individuels et sociaux à l’objet. Elle déclasse les valeurs conférées usuellement à la propriété (indépendance personnelle, sécurité, liberté ….) et dote de valeurs positives les modèles basés sur l’accès (simplicité, tranquillité, flexibilité, réduction du risque perçu…). Ainsi, ces nouveaux modèles ébranlent la suprématie incontestée de la logique de propriété.