Depuis que les maladies dues à des intoxications aiguës liées à de fortes doses de polluants comme le saturnisme aigu ont notablement régressé en Europe, le rôle des facteurs d’environnement est devenu invisible. Ils ne peuvent plus être observés au niveau individuel par les médecins. Seule l’observation populationnelle permet désormais de les estimer et ceci passe par l’analyse des risques en tant que probabilités.
Un exemple d’application vient d’en être publié par la revue Environmental Health Perspectives publiée par l’Institut américain de santé environnementale. Les auteurs proviennent de six pays européens, dont la France via l’Institut de veille sanitaire, avec le concours du bureau européen de l’OMS. Dans ce travail, ils ont analysé le poids sur la mauvaise santé de neuf polluants : benzène, dioxines, fumée du tabac (chez les non-fumeurs), formaldéhyde, plomb, bruit créé par le trafic automobile, ozone, particules fines et radon. Pour chacun d’entre eux, la mauvaise santé a été mesurée au travers des études épidémiologiques disponibles et leur poids a été estimé en termes d’années perdues de vie en bonne santé en ne prenant en compte que les maladies pour lesquelles le rôle causal des neuf polluants est reconnu.
Globalement, entre 3 et 7 % des années perdues de bonne santé sont attribuables à ces polluants. À eux seuls, les particules fines représentent près de 70 % de ce fardeau. Puis viennent la fumée de tabac et le bruit pour 8 % chacun et le radon pour 7 %.