Comme d'autres en Europe, EDF est désormais en position de force... » Dans les coulisses d'un récent accord d'approvisionnement signé entre Henri Proglio, le PDG d' EDF et Alexeï Miller, son homologue de Gazprom, les voix ne manquaient pas pour ironiser sur la fin de l'ère des diktats du géant gazier russe. Insistant sur les écarts entre les prix « spot » du gaz et ceux fixés par les contrats de long terme, les grands clients européens comme RWE, E.ON, ENI, ou GDF Suez ne cessent de mettre la pression : leur fournisseur ne s'est pas adapté assez vite au nouvel environnement énergétique.
Gazprom peine par ailleurs à prendre le tournant du GNL. C'est pourtant le groupe qui, avec Shell, a ouvert la première usine russe de gaz naturel liquéfié, sur l'île de Sakhaline, dans l'Extrême-Orient. Hissé au rang de priorité par le Kremlin pour satisfaire les prometteurs marchés asiatiques, le GNL est devenu l'objet d'une vive concurrence entre Gazprom et les autres champions russes des hydrocarbures, Rosneft et Novatek. Ce nouvel environnement exige une plus grande souplesse tarifaire. Or Gazprom continue de s'accrocher à des contrats de long terme principalement indexés sur le prix du pétrole, au nom de la visibilité des coûts d'investissement et de la sécurité énergétique. Une position répétée à Moscou, lors du récent forum des pays exportateurs de gaz, à la tribune par le président Poutine, et dans les coulisses par Gazprom.