Progressivement la notion de « Développement durable » disparaît des discours politiques et d’une partie de la littérature scientifique – au profit d’autres termes comme ceux de « transition », de « résilience », de « décroissance »… Certains lient cet effacement aux changements du contexte – tant le développement durable a été lié à la période de mondialisation commencée après la fin des années 1980 et achevée avec la crise de 2007-2008. D’autres y voient la conséquence logique d’une longue usure – et d’usages abusifs qui ont souvent réduit l’expression à une rhétorique creuse et finalement peu efficace... Écrit en 2012, l’article partage ces deux raisons - et en particulier la seconde : l’ambiguïté qui, à l’origine, avait largement contribué à assurer la « popularité » de ce terme a finalement conduit à en diffuser une version souvent limitée au plus petit dénominateur commun. Mais il en ajoute une troisième : si le développement durable est aujourd’hui moins attractif c’est aussi parce qu’il est resté conceptuellement sous-exploité – souvent confondu avec une version plus marchande et globale de l’environnement ou de l’économie des ressources. D’où la proposition de passer à une « seconde étape du développement durable », mieux adaptée à la période de crise dans laquelle nous sommes entrés - et surtout redonnant à ce terme toute sa richesse et sa spécificité. Car, en définitive, les notions de transition ou de résilience, par exemple, n’en sont que deux des composantes parmi d’autres…
Tout cela ne constitue, naturellement que des premières propositions qui mériteraient d’être débattues et mises à l’épreuve. Par rapport aux trois premières options évoquées, ce passage à une seconde étape du développement durable ne mettra fin, bien évidemment, ni à l’ambiguïté, ni aux déceptions, ni aux usages abusifs et manipulatoires du concept. Mais sans doute est-ce le prix pour que ce qui reste une innovation encore très largement sous-exploitée soit enfin pleinement valorisée, y compris par la communauté scientifique. C’est aussi la condition pour qu’après vingt-cinq ans de tâtonnements, de demi-échecs et de demi-réussites, cette « illusion motrice » devienne ce qu’elle a vocation finalement à être : le point d’appui solide et partagé d’une transition socio-écologique que chacun, partisan ou pas de l’environnement, sait, désormais, indispensable…