Greenpeace publie un rapport commandé à Wise-Paris sur les enjeux du prolongement au-delà de 40 ans des réacteurs français. Avec des coûts évalués entre 400 millions et 4,4 milliards d'euros par réacteur, l'enjeu de la rentabilité est posée.
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Dans ce contexte, Wise-Paris a évalué les coûts des travaux de prolongement à partir de cinq facteurs discriminants : le référentiel de sûreté retenu, la gestion de la conformité, les orientations techniques, le processus de décision et les délais de réalisation. A partir de ces critères, trois scénarios ont été établis.
Un scénario de sûreté dégradée (S1) "correspond à une interprétation minimale des différentes exigences", un scénario de sûreté préservée (S2) vise à "limiter aussi efficacement que possible les effets reconnus du vieillissement, et [à] introduire aussi raisonnablement que possible de nouvelles dispositions issues des analyses post-Fukushima" et un scénario de sûreté renforcée (S3) "repose logiquement sur une recherche d'exigences aussi élevées que possible du point de vue de la sûreté". Selon le scénario S1, le coût moyen par réacteur serait de 400 millions d'euros, avec une marge de plus ou moins 150 millions. Le scénario S2 coûterait quelque 1,4 milliard par réacteur, avec une marge de plus ou moins 600 millions. Enfin, le scénario S3 voit le budget s'envoler à 4,4 milliards d'euros, avec une marge de plus ou moins 1,85 milliard.
Les fortes marges d'incertitudes s'expliquent, notamment, par l'absence d'informations sur le coût des travaux réalisés par EDF et par le fait que certains des travaux envisagés n'ont jamais été réalisés. Par ailleurs, certains coûts n'ont pas été inclus dans les calculs, a averti Yves Marignac. C'est en particulier le cas du manque à gagner lié à la perte de production lors des arrêts de tranches nécessaires à la réalisation des travaux. Malgré tout, "ce coût risque (…) d'être très supérieur au coût annoncé par EDF pour son plan de « grand carénage », qui correspond à moins de 1 milliard d'euros par réacteur", conclut Wise-Paris. Le rapport alerte par ailleurs sur le fait que "quelques postes clés pour le renforcement de la sûreté, liés pour l'essentiel à la bunkérisation d'éléments vitaux pour la sûreté des réacteurs [notamment les piscines de combustibles et la salle des commandes, ndlr], concentrent dans toutes les fourchettes près de la moitié du coût total".
Le rapport pointe surtout, "le risque que fait peser sur les exigences de sûreté la rentabilité d'éventuelles prolongations" et place au premier plan "la nécessité de clarifier, avant toute décision, les enjeux économiques de ces opérations".