Au regard de son retour d’expérience en Rhône-Alpes, l'IRMa a été consulté pour contribuer à la réflexion engagée par l'Administration pour évaluer les moyens propres à généraliser les Plans Communaux de Sauvegarde (PCS) en France dans les communes qui ont des obligations en la matière. Au cours d’une visite dans ses locaux, l’Institut a été amené à cet égard à formuler plusieurs propositions auprès de Luc DUPRIEZ, Sous-préfet chargé de mission auprès de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) du Ministère de l’Intérieur.
Quelques propositions de notre Institut pour améliorer la situation (non exhaustif) :
En termes de contenu des PCS
Sur la nature de l’information et son format (le traitement des données disponibles conditionne la préparation de la compréhension par les autorités locales des informations opérationnelles dispensées pendant le déroulement d'un évènement, notamment en matière de mise en vigilance et d'alerte)
- Dans les PCS, améliorer la caractérisation des aléas à prendre en compte (dont aléas extrêmes) et mieux définir les « seuils de déclenchement (appréciation des seuils critiques)» pour le déclenchement des mesures prévues
- Clarifier les concepts de vigilance et d’alerte. En effet, les confusions sémantiques sont récurrentes notamment dans l’utilisation des termes de « vigilance » et « d’alerte », confusion de commodité souvent relayée par les médias
- Face aux risques à cinétique rapide, développer de véritables systèmes d’avertissement des autorités locales et des populations privilégiant des circuits courts, utilisant notamment les technologies de l’information et de la communication
- Définir clairement les conseils de comportement « en mode réflexe » à diffuser auprès des populations au regard du niveau de risque (appréciation des seuils critiques) et de la cinétique de l’événement
- Définir clairement le rôle des Médias Sociaux en Situation d’Urgence (MSGU) pour traiter et relayer l’information en temps réels et préparer les acteurs à utiliser ces médias (Cf les recommandations du Bureau régional de la gestion d’urgence de Wellington - Nouvelle-Zélande - 2012). Se pose la question de l’implication civile et citoyenne en la matière.
- Pour les Installations industrielles, cadrer l’information des populations et des autorité locales en cas d’incident perceptible de l’extérieur ou d’évènement incommodant, hors contexte PPI
En termes de démarche (non exhaustif)
- Généraliser l'obligation d'établir des PCS dans toutes les communes où le risque ne peut être exclu (également hors procédure PPR)
- Généraliser les formations sur la mise en place opérationnelle des PCS auprès des responsables et décideurs locaux
- Préparer et inciter le secteur marchand à formuler des offres de services PCS auprès des communes qui consultent dans le respect de la doctrine nationale édictée par la DGSCGC – Ministère de l’Intérieur
- Développer des outils d’évaluation des PCS : auditer ou faire auditer périodiquement les outils du PCS pour :
o Evaluer le niveau de conformité de la réalisation du PCS au regard de la doctrine nationale
o Evaluer les « niveaux d’appropriation » et le caractère opérationnel des dispositifs mis en place
o Analyser la « robustesse » de l’organisation (manque d’outils, travaux de recherche nécessaires)
- Développer des outils d’évaluation de l’impact des actions d’information préventive réalisées par les communes et de l’évolution dans le temps de la connaissance de ces informations auprès des populations (démarche DICRIM de la responsabilité des maires)
- Promouvoir une politique de généralisation des exercices de simulation à l’initiative des communes
- Développer des outils destinés à mieux gérer la post-catastrophe (Plans Post-catastrophe : problématique ; qui fait quoi ? comment ? avec quels moyens ?)
Du point de vue stratégique (non exhaustif)
- Au regard de certaines bonnes pratiques constatées sur le territoire national, encourager les Intercommunalités, les Départements et les Régions à engager des actions volontaristes en matière de développement d’une culture du risque et de soutiens aux collectivités (et les rendre légitimes)
- Favoriser sur le territoire national l’émergence ou la consolidation de centres de ressources régionalisés permanents chargés de la promotion et de la mise en œuvre de la culture du risque auprès des responsables et décideurs locaux tels que le CYPRES de Martigues, le C-Prim de Lourdes ou encore de l’IRMa en Rhône-Alpes
- Rendre exigible au fond de prévention des risques naturels majeurs les actions de promotion d’une culture du risque initiées par les centres de ressources permanents évoqués dans le point précédent (selon des modalités de financement et des cadres partenariaux locaux qui restent à définir)
- Dès le début de leur mandat et tout au long de ce dernier, développer la formation des élus visant à renforcer la préparation aux situations de crise
- Favoriser l’implication civile et citoyenne dans les dispositifs de sécurité civile au niveau local et fournir les moyens nécessaires à la promotion de ces dispositifs (RCSC, relais de quartiers, vigies humaines…)