La carrière des indicateurs est une chose intéressante. Certains semblent installés pour des lustres pendant que d’autres aspirent à les détrôner ou à les compléter.Leur carrière future dépend des « réseaux d’intéressement » (termes de sociologues de l’innovation) qui se forment pour les défendre, et de l’influence de ces réseaux sur les décisions politiques, lesquelles sont seules en mesure de décider que tel ou tel indicateur sera désormais placé en haut de l’agenda politique et donc statistique.
Je ne crois pas que les PIB verts feront carrière. L’ampleur de la crise écologique est telle qu’ils seront débordés, même si pour le moment de vrais écolos estiment qu’ils peuvent rendre quelques services, ce qui n’est pas faux. Les défenseurs (non économistes) de l’environnement exigeront des indicateurs physiques de « soutenabilité forte », de seuils critiques à ne pas franchir. Mais ce n’est qu’un pari, et un souhait. En attendant, faut-il se priver des graphiques précédents dans les débats publics ? Non, mais à condition d’en expliquer les limites, qui sont fortes. L’IPV est un indicateur à utiliser avec sobriété et esprit critique, en le complétant par d’autres, non économiques, à mes yeux bien plus importants pour fixer de bons caps.