Depuis plusieurs mois, entreprises, collectivités locales et organisations internationales multiplient les émissions de dette "verte" sur les marchés obligataires. Ce concept de "green bond" était jusqu’à présent défini par ses promoteurs. Cette activité est désormais encadrée par les Green Bond Principles, une initiative portée par les principales banques internationales actives sur ce marché. Ces "principes" visent à regrouper tous les acteurs du secteur. Mais des zones de flou persistent.
Ces émissions ne font pas toutes l’objet d’une validation par un tiers indépendant. Certaines vont jusqu’à mêler le concept de "green bond" à leur politique de développement durable. Des entreprises telles qu’Unibail, Unilever ou Toyota ont émis des obligations vertes destinées à financer leurs activités traditionnelles, qu’il s’agisse de la construction et de l’exploitation durables d’immeubles, d’automobiles peu polluantes ou encore d’usines de production de shampoing très efficientes d’un point de vue énergétique. Ces firmes justifient l’existence de ces émissions vertes par leur politique ambitieuse en matière de développement durable.
Il est donc de plus en plus difficile d’identifier la valeur ajoutée environnementale portée spécifiquement par ces obligations vertes. Une situation qui pourrait devenir encore plus confuse si des industries controversées commencent à émettre de telles "greens bonds", par exemple des producteurs d’électricité issue du charbon s’engageant à améliorer le profil environnemental de leurs centrales. C'est pourquoi l’organisation non-gouvernementale BankTrack, qui a fait part de son soutien aux Green Bond Principles, appelle d’ores et déjà à plus de précision dans la définition du spectre des obligations éligibles. L’absence de cadre de ces opérations pourrait galvauder un concept qui permet de financer une économie plus verte.