Les professionnels du bâtiment attendent avec impatience le plan pour le logement que le président François Hollande doit présenter ce jeudi, alors qu'une nouvelle année noire s'annonce dans les métiers de la construction en France. Selon une source gouvernementale, ce "plan d'urgence" pourrait comprendre une baisse de la TVA à 5 % pour le logement social (contre 7 % actuellement) et des incitations financières pour la rénovation thermique. Une partie des mesures viseraient également à faire sauter des verrous administratifs en simplifiant les normes d'urbanisme et en réduisant les délais de procédure, selon la même source. Ces dispositions feraient l'objet d'ordonnances pour aller plus vite.
"Nous avons deux types de demandes, une qui est de l'ordre budgétaire où il faut qu'on mette de l'argent dans un certain nombre de dispositifs pour relancer la demande, et des demandes qui concernent plutôt notre environnement juridique et financier", a déclaré mercredi Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui représente deux tiers des entreprises du secteur. "On attend des mesures fortes. Une de nos demandes très anciennes est notamment de pouvoir combattre les recours abusifs qui font tant de mal à la profession", a-t-il précisé à Reuters par téléphone.
Le temps presse si le gouvernement veut atteindre son objectif de 500 000 logements neufs par an afin de répondre à une demande criante. Selon les données du ministère de l'Égalité des territoires et du Logement, le nombre de permis de construire restait fin janvier proche de cet objectif, à 495 573 unités (- 7,5 % sur un an). En revanche, les mises en chantier en étaient très loin, avec une baisse accentuée à plus de 20 % en glissement annuel, à 339 286 unités, signe qu'après l'octroi des autorisations, de nombreux projets tardent à voir le jour. "Il y a grande urgence à ce qu'on prenne les bonnes décisions", a insisté Didier Ridoret. "Il y a beaucoup d'inertie dans nos métiers, donc une décision que vous prenez aujourd'hui sera en application et en efficacité de nombreux mois après. Dans nos métiers, c'est à peu près 17-18 mois."
Printemps morose pour l'emploi
Tout retard peut avoir des retombées négatives en termes d'emploi dans un secteur qui compte en France quelque 1,18 million de salariés. La FFB redoute ainsi la destruction de 40 000 postes environ cette année, après 14 500 déjà perdus en 2012. "À partir de mars-avril, les entreprises de BTP vont devoir (...) supprimer un certain nombre de postes pour les chantiers qui sont terminés", prévenait le mois dernier Alain Dinin, P-DG de Nexity, lors de la conférence de presse consacrée aux résultats annuels du promoteur. "C'est un trend à 1 500 suppressions de postes par semaine."
Pour contrer l'effet d'inertie qui caractérise le secteur, la FFB plaide pour un abaissement de la TVA sur les travaux de performance énergétique dès le 1er juin. "C'est dommage d'attendre six mois pour que les consommateurs ou les investisseurs se disent dans six mois ça va nous coûter tant de moins, donc on attend", a souligné Didier Ridoret. Les autres mesures, qui viendront s'ajouter au "Duflot", le dispositif fiscal appelé à prendre le relais du "Scellier" pour favoriser l'investissement locatif, permettront difficilement d'inverser la tendance dès cette année dans un contexte économique déprimé.
La FFB anticipe un recul de 7,2 % des mises en chantier cette année à 315 000 unités, après une chute de près de 20 % à 340 000 logements environ en 2012. Nexity craint qu'elles ne tombent à 280 000-300 000, ce qui serait le niveau d'activité le plus bas de ces 50 dernières années.
Le ministre de l'Economie veut prouver au plus vite que sa loi peut agir sur l’économie et sur le quotidien des Français. Son idée : relancer la construction de logements "intermédiaires" dont les loyers sont moins chers que ceux du privé mais pas réservés aux ménages les plus modestes.
Pour favoriser la construction de logements intermédiaires, Bercy va faciliter la vente de terrains appartenant à l'Etat. Une façon de faire baisser les prix